RÉPRESSION MASSIVE DES MANIFESTANTS TURCS : COMMENT INVITER LES POUVOIRS PUBLICS AU DIALOGUE ?
Les manifestations pacifiques qui ont débuté fin mai à Istanbul pour protéger la place Taksim et sauver le parc Gezi ont été brutalement réprimées par le Gouvernement. Des arrestations massives – plus de six cents personnes ont été arrêtées dans la seule journée du dimanche 16 juin à Istanbul et à Ankara –, plus de sept mille cinq cents blessés et quatre tués à ce jour. Or, une démocratie, ce ne sont pas uniquement des élections gagnées : les libertés d’expression et de manifestation sont aussi des conditions nécessaires. C’est la raison pour laquelle, Sergio Coronado demande à Laurent Fabius quelles initiatives la France compte prendre pour appeler les autorités turques au dialogue avec des manifestants.
Sergio Coronado:
Les manifestations pacifiques qui ont débuté fin mai à Istanbul pour protéger la place Taksim et sauver le parc Gezi ont été brutalement réprimées par le Gouvernement. Des arrestations massives – plus de six cents personnes ont été arrêtées dans la seule journée du dimanche 16 juin à Istanbul et à Ankara –, plus de sept mille cinq cents blessés et quatre tués à ce jour : tel est le bilan de la répression contre un mouvement non violent.
La police turque a procédé, hier encore, à des dizaines d’arrestations de responsables politiques ayant pris part aux manifestations antigouvernementales, selon le barreau d’Istanbul. Le Gouvernement a même annoncé la possibilité d’un recours à l’armée pour réprimer et le Premier ministre n’a cessé d’utiliser une rhétorique de guerre civile.
Jeudi dernier, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il a fait part de sa vive préoccupation devant les preuves de brutalités policières et de sa condamnation de l’usage excessif de la force contre les manifestants. Une démocratie, ce ne sont pas uniquement des élections gagnées : les libertés d’expression et de manifestation sont aussi des conditions nécessaires.
La répression semble avoir eu pour résultat le retour à un calme fragile. Pour autant, nous ne pouvons pas rester sans rien dire devant le déchaînement de violence policière qui a agité la Turquie ces dernières semaines. La Turquie est un pays ami, en effet, qui a vocation, pour les écologistes, dont je suis aujourd’hui le porte-parole, à intégrer l’Union européenne.
Ma question est donc double, monsieur le ministre. En octobre 2011, un accord de coopération sur la sécurité intérieure a été signé par l’ancien gouvernement et la Turquie, accord non ratifié à ce jour. Selon ce texte, la France accepte de coopérer en matière de lutte contre le terrorisme. La qualification hasardeuse et arbitraire de « terroriste » par les autorités turques, qui inclut journalistes, avocats et responsables politiques, doit nous conduire à regarder à deux fois cet accord de coopération. Quelle est la position du Gouvernement au sujet de ce texte ?
Enfin, quelles sont les initiatives que la France compte prendre pour appeler les autorités turques au dialogue avec des manifestants pacifiques que le pouvoir ne cesse de qualifier de çapulcu, c’est-à-dire de « maraudeurs ».
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