Parmi les trois textes examinés ce jeudi par lAssemblée dans le cadre de la « niche » réservée aux propositions du groupe écologiste, Barbara Pompili a défendu une proposition de réécriture du règlement de lAssemblée.
Objectif : inscrire la possibilité pour les groupes de se doter dune coprésidence paritaire dans le texte qui régit le fonctionnement de lAssemblée
Avec les 17 écolodéputé-e-s, nous avons fait le choix dune co-présidence. Depuis juin dernier, François de Rugy et moi animons le groupe, le représentons dans les instances de lAssemblée nationale, agissons en son nom dans les débats. Ces six mois ont permis de constater que cela marche ce nest dailleurs pas une surprise, puisque cest une formule que les écologistes pratiquent déjà au parlement européen ou au Bundestag allemand.
Mais cette innovation ne fonctionne que parce que nous jonglons en permanence avec un règlement de lAssemblée qui ne reconnaît pas formellement la coprésidence. Il ny a quun président administrativement ce fut François pendant les six premiers mois, je le suis en titre depuis quinze jours. Il sagit aujourdhui de traduire dans le texte du règlement un mode de fonctionnement qui a fait ses preuves, et de cesser de louvoyer avec les textes.
Concrètement, quest-ce que la coprésidence apporte ?
Dabord, un mode de gestion du groupe plus collectif. On nest pas dans lautorité, mais bien dans lanimation. Cest cela le rôle dun président de groupe ou dorganisation politique. Quand cela devient un enjeu de pouvoir exercé personnellement ou pour une faction, on voit où cela mène : à la palinodie de lUMP. La coprésidence, cest le système le plus simple pour se prévenir contre de telles dérives.
A deux, on est plus disponibles, à deux, on est moins tenté dagir sans consulter. Et cela ne coûte rien à personne : la présidence de groupe est une fonction qui ne donne aucun moyen supplémentaire à celle ou celui qui lassure.
Vous ne parlez pas de la parité ?
Bien sûr que cela compte ! Lorsque je suis devenue, administrativement, « la » présidente du groupe, mi-janvier, un administrateur ma fait remarquer que jétais la première femme à occuper un tel poste depuis le début de la Vè république il y a 55 ans ! Cest dire que la parité a du chemin à faire dans nos institutions. Notre groupe comporte autant de femmes que dhommes. En nous dotant dune coprésidence paritaire, cest aussi cela que nous voulons traduire
Votre proposition avait été rejetée en commission, et la discussion dans lhémicycle la rétablie. Pourquoi ?
Cest vrai que cet épisode nous avait surpris : nous avions sans doute sous-estimé la réticence dune partie du monde politique au changement, y compris chez nos partenaires ! Mais nous avons continué à discuter avec nos collègues de la majorité et notamment avec Bruno Leroux qui nous a apporté son soutien : car notre proposition ouvre une possibilité aux groupes, elle nimpose rien. Chacun sera libre, dans lavenir, de choisir ou non une coprésidence. En ce sens, la discussion daujourdhui et le vote qui interviendra dans deux semaines sur notre proposition sont un bon marqueur de la volonté de nos partenaires de la majorité de changer vraiment des pratiques politiques dont les Français ne veulent plus
Cétait un test ?
Oui, en un sens.
Un test pour la majorité, qui a saisi loccasion de démontrer quelle sait entendre et respecter toutes ses composantes.
Un test pour lopposition qui, par la voix du député Tardy sy est opposée en arguant - cela sonnait plus comme un aveu que comme une analyse - quon « ne met pas deux crocodiles dans le même marigot ».
Mais cétait plus généralement un test pour la transformation de la vie politique. On a avancé sur de nombreux points depuis juin dernier, grâce à Claude Bartolone. Sur la réserve parlementaire, sur les moyens accordés aux députes, il y a moins darbitraire et moins dopacité quauparavant. Ce sont des sujets importants pour les écologistes, et nous irons, pour notre part, plus loin dans les semaines à venir en jouant, individuellement et collectivement, la transparence totale sur ces questions. Nous navons pas besoin pour cela de changer le règlement : cest une question de comportement personnel. Mais sur la coprésidence, il nous semblait nécessaire dadapter le règlement.
On devra donc vous appeler « madame la coprésidente » ?
Quand le texte aura été définitivement adopté, dès le 12 février, il ny aura pas administrativement deux demi-présidents, mais bien deux présidents, à égalité de devoirs devant le groupe, et obligés dagir ensemble pour assumer leurs responsabilités dans le fonctionnement de linstitution. Nous avons prouvé que cela marche. Ne restait plus quà lécrire dans le règlement : ce sera très bientôt chose faite.